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Qui veut surfer sur un MOOC ? L’expérience de Dominique THOMAS, moniteur en Maison familiale rurale

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Cela fait plus de 30 ans que Dominique THOMAS est moniteur en Maison Familiale Rurale. « Je suis passeur de connaissances, j’ai vu passer bien des pratiques pédagogiques, depuis ma formation au Centre National Pédagogique des MFR, un DUEPS, un DESS, un Master, le tout en sciences de l’éducation » nous confie Dominique. Il nous propose de revenir sur le phénomène des « MOOC » (Massive Online Open Courses) à travers sa propre expérience.

Comme chacun d’entre nous, j’ai fait du surplace avec les uns, et du chemin avec les autres. Un de mes chemins préférés m’a amené au Manitoba, État du centre du Canada. « Manitoba » signifie en indien « Crée le souffle de l’esprit », en référence aux vents qui balayent l’immense lac Manitoba au cœur de cette province. Je souligne cette étymologie car c’est là qu’est né, en 2008,  le premier MOOC…

Un MOOC (Massive Online Open Course) est une nouvelle forme d’apprentissage qui souffle à présent très fort dans les universités nord américaines, où ce concept connaît un franc succès. La formule vient d’arriver chez nous. Le premier mooc francophone s’est déroulé durant l’automne 2012. Il s’appelait  ITYPA, j’y étais.

Retour sur la forme

Le MOOC est un enseignement de masse. Il s’adresse à plusieurs centaines voire plusieurs milliers de participants. Nous étions 1200, formateurs, consultants, responsables pédagogiques ou de formation, documentaliste, chercheurs…..

Le MOOC est un cours connectiviste, courant pédagogique qui adapte les théories socioconstructivistes à l’usage du numérique. Le principe : la richesse du cours dépend de la production de savoir des participants, et de leurs échanges. Dans le MOOC ITYPA, chacun était invité à créer un blog personnel pour publier ses pratiques et ses recherches.

Le MOOC est ouvert, chacun peut s’y inscrire et y participer librement.

Le MOOC est en ligne. C’est une formation à distance.

La partie synchrone, qui rythme le cours est une visioconférence. Pour ITYPA elle avait lieu chaque semaine. C’était une table ronde virtuelle avec l’application visioconférence hangout, accessible à tous à partir du moment où on a créé son compte google.

La partie asynchrone utilisait plusieurs canaux :

  • Un site WEB : http://www.itypa.mooc.fr, avec la présentation et le déroulement du cours, assortis de conseils méthodologiques, de ressources pédagogiques, de forums de discussion, de formulaires d’inscription.
  • Une newsletter quotidienne, véritable revue de presse faisant écho des articles publiés par les participants.

Comme dans tous les festivals, une grande partie de la formation se déroulait dans le off, chacun consultant et interagissant avec les autres blogueurs et twitteurs producteurs de ressources…

ITYPA

 http://tritypa.wordpress.com/2012/12/10/dessine-moi-itypa

Retour sur le fond

ITYPA est un acronyme : Internet Tout Y est pour Apprendre.

Le cours invitait chacun à optimiser les TICE en tant que support d’apprentissages, ou plus précisément, à tisser son environnement personnel d’apprentissage en ligne.

Ce thème nous concerne à deux niveaux : les TICE rentrent de plus en plus dans notre métier de formateur, et les jeunes vivent dans une bulle numérique qui enfle, notamment en milieu scolaire.

Le cours s’est déroulé sur 10 semaines avec un découpage de 10 séquences :

Semaine 1 : Introduction
Semaine 2 : L’environnement d’apprentissage personnel, à construire ensemble
Semaine 3 : Diriger soi-même sa formation
Semaine 4 : Recherche et veille documentaire
Semaine 5 : Partage d’expériences autour de la recherche documentaire
Semaine 6 : Apprentissage social
Semaine 7 : Découvrons les communautés qui nous entourent
Semaine 8 : Construire son réseau social en ligne pour apprendre
Semaine 9 : Partage d’expériences
Semaine 10 : les Moocs, pour la formation tout au long de la vie

Voici les points sur lesquels je me suis arrêté :

  • L’environnement d’apprentissage personnel (EAP) :

L’environnement d’apprentissage personnel (EAP) est le système avec lequel l’apprenant définit ses objectifs, ses contenus, ses processus d’apprentissage et sa communication avec les autres.

Gérer son EAP, c’est raisonner ses interactions avec les autres, sa recherche documentaire, le stockage des ressources numériques, la production de contenus.

Construire son EAP, c’est choisir des outils qui répondent à des besoins d’apprentissage personnel.

La démarche est intéressante. Nous avons l’habitude d’appréhender l’environnement des organisations. Il s’agit là de faire un travail d’introspection sur nos objectifs d’apprentissage et de définir avec qui et avec quoi pouvons-nous les atteindre. L’étude étant restreinte ici aux ressources numériques.

  • L’infobésité

L’infobésité, c’est la boulimie de l’information en ligne. Cette maladie affecte tous les internautes.

Trop d’informations tue l’information ! La surcharge d’information numérique a été pointée comme un risque important de problème d’assimilation, de pertes de temps et de diminution de productivité.

Pour se défaire de cette maladie qui affecte tous les internautes, il faut sélectionner rigoureusement ses territoires et ses outils de veille et de recherche.

ITYPA2

  •  La curation

La curation consiste à réaliser une revue de presse sur un thème donné en présentant et en commentant les ressources en ligne publiées sur un thème donné.

Elle permet de valoriser et de partager son travail d’identification, de classement, d’éditorialisation des ressources.

Principaux outils de curation : Scoop.it, Paper.li, Pearltrees, Storify, Diigo.

Une chaîne complète du traitement de l’information en ligne ressemble à ceci :

 ITYPA3

 Source image : http://cmooclepagegilles.blogspot.fr/2012/10/semaine-4-du-mooc-itypa-la-veille.html

  • L’apprentissage social

L’apprentissage social, appelé aussi Social Learning, c’était en fait le chapiteau du MOOC ITYPA. J’y associe cet aphorisme de Philippe Carré: “on apprend toujours seul, mais jamais sans les autres”.

J’aime aussi beaucoup cette phrase : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » (auteur anonyme).

Je serais tenté de dire que l’apprentissage social c’est la part des autres dans l’apprentissage, augmentée de cette plus-value induite par le travail collectif.

Plus objectivement, « le Social Learning » peut être considéré comme le développement des savoirs, des aptitudes et attitudes, par la connexion aux autres, que ce soient des collègues, des mentors ou des experts,  via les médias électroniques synchrones ou asynchrones. »

Source : https://sites.google.com/site/capitypa/glossaire#e

  • Les communautés qui nous entourent

Le travail collectif s’effectue dans une multiplicité d’organisations :

 ITYPA4

Le fonctionnement des communautés est encore plus complexe, tant les stratégies de collaboration sont nombreuses.

Le gros du questionnement a porté sur les liants des communautés, selon Jean Michel Cornu, notre mentor de séance, la coopération est une équation à 28 inconnues : http://site-coop.net/cooperation28/wakka.php?wiki=PagePrincipale

  • Construire son réseau social en ligne

Les réseaux sociaux peuvent être utilisés à des fins pédagogiques, mais leur première vocation reste la rencontre et l’échange. Construire son réseau social, c’est signer sa personnalité qu’elle soit physique ou morale. L’identité numérique, l’e-réputation doivent être 2 points de vigilance.

Facebook, Twitter, Google +, Viadéo, LinkedIn, Instagram, Pinterest, sont les réseaux sociaux les plus fréquentés mais il en existe une multitude. Ces plates-formes se différencient par leur fréquentation et leurs fonctionnalités.

Pour reprendre cette citation de Antonio Machado, « il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant ». Il y a par contre, comme l’indique le schéma ci-dessous, de nombreuses balises :

Réseaux sociaux

Photo credit : Faire un bout de chemin sur les réseaux sociaux – Isabelle Gruet

Licence CC BY-NC-SA 

Dominique THOMAS

Nul doute que ces expériences se multiplieront à l’avenir, véritables laboratoires de l’innovation pédagogique qui ré-interrogent en profondeur les pratiques des formateurs… Merci encore à Dominique THOMAS pour cette synthèse très instructive. Dans un prochain article, il nous livrera sa vision de la place que peuvent occuper les MOOC dans la pédagogie des MFR et son bilan de son expérience du MOOC Itypa…

Auteur : christofbernard

Responsable communication de l'Union nationale des Maisons familiales rurales - 75009 PARIS

2 réflexions sur “Qui veut surfer sur un MOOC ? L’expérience de Dominique THOMAS, moniteur en Maison familiale rurale

  1. Pingback: Un MOOC peut-il pousser en MFR ? Retour d’expérience et mise en perspective d’un moniteur. | Le blog des Maisons familiales rurales

  2. L’ADMES organise le mercredi 27 avril 2016 à Angers (CNAM) une journée d’études sur le thème des pédagogies à l’ère du numérique. Cette journée concernera chercheur et praticiens; Nous souhaitons la participation de Dominique Thomas pour y présenter cette belle expérience. me contacter georges.bertin49@gmail.com

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